Stage...
Ah….il semble loin le temps où je menais une vie de (presque) vraie journaliste à Bangkok, avec interviews, recherches, terrain… Me voici arrivée à Radio Chine International (RCI), une énorme bâtisse en banlieue de Pékin, des programmes en 42 langues diffusés dans le monde entier sur les ondes courtes et sur Internet, et …l’antre typique du journalisme à la Chinoise. Ici, pas moyen d’écrire les news. Même les Français en poste ici depuis des années n’y ont pas droit. Elles restent le domaine réservé des journalistes chinois qui savent à merveille trouver les bons mots pour mettre la Chine ou le gouvernement en valeur.
Mon boulot à moi, dans ce monde de brutes, consiste à corriger les textes des journalistes Chinois (textes traduits le plus souvent des depeches en chinois selectionnees comme diffusables par les big boss ...), mais aussi à lire à l’antenne des textes que je n’ai pas écrits. Ces textes sont enregistrés bien sûr, le direct n’étant réalisé que dans une partie spéciale de la tour RCI, où il faut montrer pâte blanche (j’ai pas le droit d’y aller).
Alors bien sûr, ça limite les initiatives. Eventuellement, si je trouve des idées (qui leur plaisent), je pourrai peut-être faire des interviews (si je soumets mes questions d’abord bien entendu). Voire même si je suis très gentille, accompagner des journalistes chinois en reportage. Wouhou, ça c’est du stage. Depuis aujourd’hui, j’ai une jolie carte (énorme ! ) avec mon nom dessus en Chinois, et une photo on ne peut plus affreuse, pour me permettre de franchir seule les barrières de sécurité à l’entrée de la radio, gardées par de féroces cerbères qui crient très fort quand on ne sait pas qu’il faut présenter son badge (vécu).
Le truc sympa : dans les couloirs on rencontre des expatriés de tous les pays représentés (de l’Indonésie à la Roumanie, en passant par…l’Esperanto qui pourtant n’est pas un pays). Ces « étrangers » sont entre un et dix dans chaque « rédaction », le reste étant composé de chinois. A chaque conversation c’est la même chose : ils sont là depuis quelques mois, mais ils en ont déjà plein le dos. Ceux qui restent plus d’un an le font en général pour l’argent.
Dans les couloirs on a aussi l’occasion d’admirer de magnifiques photos de journalistes de RCI en compagnie des grands de ce monde (Kofi Annan, Bill Clinton, Valéry Giscard d’Estaing… que du gros !). Et du cocasse parfois, comme cette photo avec un autre grand promoteur de la démocratie, Mugabe !