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***Carnet d'Asie***
8 février 2006

Chine: 1 ; Journalisme: 0

Un journaliste battu à mort en Chine

Wu Xianghu avait dénoncé l'arbitraire policier à Taizhou.

par Philippe GRANGEREAU
QUOTIDIEN : mardi 07 février 2006

Pékin de notre correspondant

Les journalistes chinois qui font leur travail risquent souvent la prison et parfois la mort. Wu Xianghu, le rédacteur en chef adjoint du journal de la ville de Taizhou, dans l'est de la Chine, est décédé le 2 février, des suites de ses blessures, infligées par des policiers contrariés par l'un de ses articles. Publié le 19 octobre dernier, celui-ci épinglait les tarifs excessifs pratiqués par la police d'un district de la ville pour l'obtention d'un permis de conduire. Le chef de la police de la circulation s'est rendu dans les locaux du journal afin d'exiger des excuses publiques pour cette stigmatisation, très inhabituelle en Chine, de l'arbitraire policier. Devant le refus de la rédaction, celui-ci a appelé à la rescousse une cinquantaine de policiers qui ont rossé Wu Xianghu devant ses collègues. Il a été hospitalisé peu après. Les médecins ont diagnostiqué une très grave lésion du foie du journaliste qui avait subi une transplantation de cet organe deux ans plus tôt. Une autre opération a été tentée pour le sauver. En vain. «Je suis fier de lui car c'était un excellent journaliste qui a toujours recherché la liberté de parole», proclamait sa veuve le lendemain de sa mort. Mais hier, sans doute en raison des pressions policières, elle regrettait de «ne plus pouvoir s'exprimer au téléphone». Après que la presse étrangère, puis chinoise, a relaté l'incident, les autorités ont annoncé que le policier responsable, Li Xiaoguo, avait été «exclu du Parti communiste» puis «discipliné». Il y a peu de chances qu'il soit jugé, comme le souhaite la rédaction de Taizhou-Soir. Les autorités ont interdit à la presse chinoise d'annoncer le décès du reporter.

L'intolérance du pouvoir envers les rares journalistes qui ne pratiquent pas l'autocensure s'est faite plus manifeste ces dernières semaines. Un reporter de Fuzhou a été condamné fin janvier à trois ans de prison pour avoir «propagé des informations alarmistes» (mais exactes) sur une épidémie de dengue en 2004 dans le Fujian. Deux autres reporters se sont vu infliger des peines allant jusqu'à dix ans de prison pour avoir édité un magazine sans autorisation. Les censeurs ont aussi fait fermer le supplément du Quotidien de la jeunesse de Chine, connu pour ses articles dérangeants.

Extrait de Libération de Mardi 7 février

A la lumière de cet exemple parmi tant d'autres, on comprend mieux la politique "du dos courbé" des journalistes de RCI.

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